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 La maladresse est un vilain défaut [PV Candide]

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Maélial Lwecan

Maélial Lwecan
♠ pianiste de grande renommée ♠

Messages : 9
Date d'inscription : 17/10/2010



La maladresse est un vilain défaut [PV Candide] Vide
MessageSujet: La maladresse est un vilain défaut [PV Candide]   La maladresse est un vilain défaut [PV Candide] EmptyMer 27 Oct - 23:42

    { Tic, tac, tic, tac, il est une heure du matin. Assis en tailleur sur le lit de ma chambre, je fixe de mon regard vide la tapisserie me faisant face. Le repos tarde à me trouver. L’aiguille du temps trotte dans son cadran de verre, prisonnière de son décompte. Je n’ai pas cillé, elle me révèle l’heure, deux heures et quart. Des fourmis parcourent mes membres, endoloris par ma position statique. Elles sont des milliers à s’insinuer dans ma chair, leurs pattes factices criblent mes muscles de leur passage et pourtant je n’en ai rien à faire. Je ferme mes paupières, délaissées par le voile du sommeil, une mélodie résonne dans mon crâne. Je fronce légèrement les sourcils, une chose me frappe … elle m’est inconnue. Un sourire étire mes lèvres fanées, si Morphée m’a fait faux bond la muse de l’inspiration a pris son relais.

    Je fredonne du bout de mes lippes cet enchainement musical, essayant de mettre une note sur chacune de ces variations. Tout en continuant de répéter inlassablement le morceau m’ayant sorti de ma léthargie, je me lève, laissant mon corps aller prendre les grilles de partitions reposant dans un classeur épais et un crayon gris. M’affalant comme un ivrogne de la Rome Antique sur le lit, je me mets à griffonner des croches… doubles, triples, quadruples, des rondes, des blanches, des noires, des soupirs. Je suis un drogué prenant sa dose. Frénétiquement, j’enchaine les portées, mordillant le bout de mon crayon en songeant aux touches que mes doigts pourraient effleurer.

    Non… cela ne me convient pas, je raye ce qui me semble incohérent avant de déchirer la feuille. Puis une autre …et encore une … Enfin je m’approche de la justesse, cette partition me parait satisfaisante. Il est cinq heure et demi, au pied de mon lit reposent plus d’une soixantaine de cadavres de papier à musique. Ajouter à celles des jours précédents, je viens de vivre ma septième nuit blanche. Je garde le fruit de mon inspiration nocturne entre les mains tandis que mon être se laisse tomber sur le moelleux matelas, ma tête rencontrant un coussin bien accueillant. Mes prunelles voguent sur le précieux feuillet, et c’est avec un sourire que je me laisse emporter dans les limbes de l’inertie. }

    {Mes paupières daignent enfin déchirer le litham de mon coma. Recroquevillé sur la couverture, je tiens serré contre moi les pages de mon imagination. La montre suspendue après le tiroir de ma table de chevet indique onze heure moins cinq, cela me parait tard. Je ferme à nouveau les yeux et étire mes muscles engourdis. Après un rapide passage sous la douche, j’enfile tout ce qu’il y a de plus passe partout, un gros pull large et un jean détendu pour dissimuler mon corps sans formes. A part lorsque je suis sur scène, je n’apprécie guère que l’on pose sur moi un regard déshabillant.

    Me rendant à la salle d’opéra, afin de reprendre une dernière fois le concert de ce soir, j’en profite pour m’entretenir avec le superviseur des lieux. Obtenant l’autorisation de rester après ma prestation afin de peaufiner ma dernière création. Je ne perds pas une miette du temps alloué à ma répétition diurne, devant cette salle vide, je me sens vivant. J’exploite le moment qu’il me reste pour essayer ma nouvelle composition. Quelques notes parasites viennent s’y glisser, je les corrigerai en regagnant ma chambre. Absorbé dans les possibilités de substitution, je ne prête aucune attention aux ombres croisant mon chemin. }

    {Le soir est venu, bien plus vite que je ne l’aurai cru. J’ai passé ma journée penché sur ma partition. Vingt et une heure trente se profile. Je range mes feuilles dans une petite sacoche en daim sombre. Du ventre de mon armoire j’en sors un kimono en soie bordeaux, cousu de fil d’argent. Le tissu est couvert d’arabesques japonaises s’échelonnant toutes à différents niveaux d’une échelle de teintes amarantes. Le vêtement glisse sur ma peau de marbre, la recouvrant de l’artifice de la beauté. A ma taille vient se nouer un sobre obi bleu nuit sans lune. Je passe négligemment la main dans mes cheveux, avant de répartir à l’aveugle les quelques mèches encadrant mon visage fantomatique. Je ne sais pas quelle tête je dois avoir, certainement des yeux cernés, des traits creusés … franchement je n’en ai rien à faire. Je prends le temps de boire mon infusion particulière avant de quitter ma chambre. }

    {La scène, le public, le silence, la passion qui m’habite à chaque accords. Oui sans nul doute, je suis encore en vie. J’offre à tous ces spectateurs la vue de ce qui me construit et m’anime, je me dévoile sans pudeur à travers mes mélodies. Mes doigts graciles caressent les touches d’ébène et d’ivoire, et leur son est le gémissement de ma douceur. Il n’y a plus de monde, juste mon piano, mes souvenirs et moi-même.

    Le concert s’achève, comme à l’habitude je suis dans un état second. Sous les applaudissements, je m’incline, les remerciant de leur attention, mais n’en serait-ce qu’un seul capable de percer le secret de mes harmonies ? Non. Personne… plus personne. Je me retire, laissant le public vider la salle. Dans les plis du rideau bordant l’estrade j’attends patiemment le silence. Il se fait. Sortant de mon terrier de tissu je renoue avec l’objet de mon existence. Une heure passa avant que je ne trouve l’enchainement par-fait ! Je me rue sur ma sacoche en tirant les partitions, je tâtonne pour y trouver mon … MERDE j’ai oublié mon crayon ! Pas de panique, je reste calme, comme toujours. Ma mémoire ne va pas oublier de si tôt. Mon sac dans une main, les nombreuses feuilles de l’autre je quitte précipitamment la salle de l’opéra. Mes pas se pressent, les couloirs sont déserts. Tant mieux. Sans même m’en rendre compte je me mets à courir. Un tournant se profile, ma course ne se ralentit pas. Sans obstacles … tout cela serait trop beau. Bingo ! Je ne l’ai vraiment pas vu venir celle là.

    Dans ma hâte, et ma gaucherie sans nom, je ne remarque pas un tout petit détail, les pans de mon kimono trainent à terre. Ce que je n’ai pas prévu non plus c’est qu’une personne serait victime de ma maladresse. J’appréhende donc un tournant serré … erreur fatal. Je me prends les pieds dans mon habit, et chute lamentablement devant un spectateur. Je fais de ce dernier un acteur. Allez comprendre les reflexes humains. Mes feuilles volent en tous sens, tandis que je tente de me rattraper à quelque chose, en l’occurrence, cet inconnu. Mes mains agrippent sa taille, et l’entraine dans mon effondrement. Un juron provenant de ma langue natale passe la barrière de mes lèvres. Me voilà bien malin, à moitié affalé sur le corps de ce jeune homme, une épaule dénudée causé par le glissement de mon kimono.

    On aurait dit un dur retour à la réalité. Je pose sur lui un regard de nouveau inexpressif, le souffle coupé par ma chute. Je me relève en vitesse remettant correctement mon vêtement.


    « Veuillez accepter mes excuses. Je ne vous avais pas vu. »

    Je lui tends la main pour l’aider à se remettre sur ses jambes. Je n’en ai profondément rien à faire d’avoir renversé quelqu’un je pourrai très bien ramasser mes partitions et m’en aller, mais toutes ces règles de société… Si mes gestes sont courtois, mes prunelles quant à elles gardent leur intense vacuité. }

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La maladresse est un vilain défaut [PV Candide]

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